Caractéristique du point de Beauvais

Le point de Beauvais s’exécute sur un métier solide qui tend la toile et un crochet pointu (le même que celui de Lunéville).
Une main guide le fil en dessous du métier, tandis que l’autre manipule le crochet afin de sortir les mailles au-dessus, sous la forme d’une chainette régulière.

Il est également possible de faire un jour et quelques points spéciaux avec le crochet, comme les points ‘satin’, ‘riche’ …

Le fil utilisé est du fil de coton à coudre DMC, coutures fortes, de taille 40.

La réalisation des motifs est très codifiée et demande un apprentissage certain.

C’est pour conserver ce savoir-faire que je tiens à donner des cours.

Fil et crochet

Fil et crochet pour le point de Beauvais

Histoire du point

Introduction en Europe au 18ème siècle

Cette façon de broder d’origine chinoise ou indienne a connu un grand succès au 18ème siècle sur les habits de cour (gilet d’homme, chaussures, bourses …).
Le dessinateur et brodeur du roi (Louis XV) Charles-Germain de Saint-Aubin a écrit ‘l’art du brodeur’. Le livre paru en 1770 évoque l’introduction du crochet en France vers 1760.

Voici un lien vers une version numérique de ce livre : l’art du brodeur

Il est aussi appelé point de Pompadour, soit qu’il était apprécié de la marquise, soit pour faire référence au tableau qui la représente à son métier à broder (Portrait de François-Hubert Drouais, 1763, musée National Gallery de Londres ).

Plusieurs tableaux de la fin de ce siècle montre l’intérêt des femmes de la noblesse pour cette technique de crochet au tambour.

La pratique disparait quasiment avec la révolution, mais elle a subsisté au sein de certains établissements religieux, notamment auprès des sœurs de la Providence en Sarthe et à Alençon.

On le trouve aussi sur des objets liturgiques exécutées par l’ordre des visitandines. cf le musée de la visitation à Moulins.

 

Belle renommée au 19ème siècle

Il a connu un beau développement de 1843 à 1968, depuis Bourg-le-roi dans l’atelier Boulard.

Des maisons parisiennes l’ont aussi utilisé pour décorer le linge de maison, les gants et les sacs etc… .

C’est pour des raisons commerciales qu’il a pris le nom de point de Beauvais. (Afin de  profiter de la notoriété de la manufacture, ou pour détourner les patrons qui voulaient débaucher des ouvrières …). Une autre histoire évoque aussi l’épouse d’un directeur de la manufacture de Beauvais qui a créé un atelier de broderie …

 

D’origine de Chine ou d’Inde ?

En 1750, le brodeur Charles-Germain de St Aubin parle d’une origine chinoise.

Des spécialistes de la broderie ou du costume du 18ème, évoquent plus volontiers une technique d’origine indienne, apportée en Europe via une des nombreuses ‘Compagnie des Indes’.

Cf cet article d’althéa MacKensie ou encore le livre de Susan North « 18th century – Fashion in Detail », ou encore celui de Gail Marsh « 18th century Embroidery Techniques ».

Cela me semble également plus plausible si on considère la broderie de ces deux pays qui existe actuellement.

On trouve en Inde des artisans qui travaillent au crochet, alors que ce qui prime en Chine reste la broderie avec de la soie plate …

Portraits de Drouais

1763_Drouais_ MarquiseDePompadour
1767_Drouais_DeCaumontlaForce

Tambour fair lady

1766-1784_Tambour_Fair_Lady_British_museum